4 août 2010

L'Apprentie de Merlin. Extrait 1/3


Comme promis, voici un extrait de L'Apprentie de Merlin à paraître en octobre prochain chez Mango. Le but avoué est de raconter toute l'histoire de la Table Ronde sous un nouvel angle. Le mythe arthurien étant tellement riche, il a fallu opérer des choix. En plus, ça permet de ménager des surprises à ceux qui connaissent déjà bien la matière de Bretagne. Nous sommes au début, au moment de la première rencontre entre Ana, la future apprentie, et Merlin.


Ana sursauta quand l'étranger ressortit de la bâtisse. Frappant le sol de son bâton, il s'approcha d'elle. Une nouvelle fois, ses yeux verts et bleus se plantèrent dans ceux de la voleuse.

— Sais-tu qui je suis ? demanda-t-il encore.

Toujours muette, elle hocha lentement la tête.

— C'est bien, fit l'homme de sa voix profonde. Maintenant, tu vas me suivre. Tes parents ont accepté que tu travailles pour moi afin de rembourser ton larcin. Comprends-tu bien ce que je t'ai dit ?

De nouveau, Ana acquiesça. Sans attendre, Merlin se détourna et se mit en marche sur le sentier qui menait à la forêt. La jeune fille eut un regard involontaire vers la villa écroulée. Qu'arriverait-il à Bleïz ? D'ordinaire, elle était la seule à s'occuper de lui et il n'avait même pas sept ans. Un élan la poussait à refuser de partir. La fuite était encore possible en courant vers le village. Mais avait-elle vraiment le choix ?

Le pas lourd qui s'éloignait la ramena à la réalité.

Après un instant de perplexité, elle se pressa pour rattraper la haute silhouette qui, déjà, se fondait dans les couleurs brûlées de Brocéliande.

Ils avancèrent vers la lisière du sous-bois. Ana ressentit un irrépressible frisson en pénétrant sous les sombres frondaisons. La température chuta soudain et le soleil disparut derrière les branchages. Les feuilles mortes craquaient sous les houseaux de toile qui lui protégeaient pieds et mollets. Le paysage devenait presque funèbre avec l'ombre omniprésente et froide, les grincements des arbres. La forêt portait le deuil de la saison claire.

Des rumeurs terrifiantes couraient sur son compte. Des créatures minuscules, aussi belles que cruelles, presque invisibles, y habitaient. Elfes, fées, nains hantaient ces bois ; certains murmuraient que des dragons, des ogres et même des licornes s'étaient établis dans ses antres déserts. Heureusement, ce peuple étrange avait pour coutume de ne jamais se risquer dans la plaine. À l'exception de Merlin.
Image : source Wikipedia, Merlin conseillant Arthur, Gustave Doré

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