8 septembre 2010

Soleil des Abysses. Extrait 3/3


Troisième et dernier extrait de mon roman de science-fiction à paraître dans quelques jours. Je te rappelle qu'il y est question d'un sous-marin, la Silience, envoyé dans les grandes profondeurs pour remplir une mission baptisée Soleil des Abysses. Le problème, c'est que le capitaine n'a plus aucune idée de ce dont il s'agit. Pour corser le tout, le vaisseau et son équipage se retrouvent dans des lieux encore inexplorés.


Nous montons rapidement à la salle de contrôle. Le ton de Mathieu était tendu.

Quand nous débarquons devant la baie panoramique, la vision me coupe le souffle. Nous nous trouvons cette fois dans une caverne démesurée. Les parois sont couvertes de bourrelets roses. Entre les plis, des fumées blanchâtres s'échappent, lourdes.

— Qu'est-ce que c'est que ça ?

Sara semble en état de choc. De nouveau, Mathieu prend la parole :

— Après avoir franchi la dernière cloison, nous sommes arrivés ici. Au début, nous n'avons rien vu car les hublots étaient recouverts d'une matière molle. Peut-être un banc de planctons. Mais, rapidement, ça s'est dégagé.

Le lieutenant intervient :

— Ces sortes de coussins qu'on aperçoit là ont une forme bien caractéristique : c'est de la lave refroidie. Nous devons être au fond des mers, à la verticale d'une dorsale océanique. Un endroit où les plaques tectoniques s'éloignent les unes des autres parce que du magma les pousse de chaque côté.

Curieux, je pose ma paume droite sur le verre. Je la retire aussitôt : la vitre est brûlante.

— Et la fumée ? demande Mathieu.

— Elle vient de cheminées hydrothermales. L'eau de mer s'infiltre et, au contact du magma, se transforme en fumée. Elle se charge aussi en gaz dissous et en métaux. On ne peut pas descendre plus bas.

— Vous voulez dire que c'est un cul-de-sac ? s'exclame Sara.

— À moins que ne vouliez aller au centre de la terre ! ironise Mathieu.

Je décide de prendre les choses en main :

— Lieutenant, affichez la carte. Nous allons établir la route avec l'équipage et nous verrons comment sortir d'ici. Le vaisseau peut-il supporter une telle chaleur ?

Sara examine les compteurs.

— L'eau avoisine les trois cent cinquante degrés. La coque peut tenir un peu plus de vingt minutes.

— Bien. Éloignez-vous de ces cheminées, cela nous laissera plus de marge. Remontée !

— Bien, capitaine.

Tout le monde s'installe à son poste. Nous voyons des bulles se coller aux hublots, roulant lentement vers le haut. La Silience lève le nez et commence à s'élever. Je m'accroche aux barres de sécurité car le pont penche en arrière.

— Capitaine, appelle Mathieu, j'ai un écho bizarre au-dessus de nous.

— Que voulez-vous dire ?

— Je n'arrive pas à l'identifier ! Il y a énormément de perturbations ici. J'ai l'impression que les parois bougent tout le temps.

— C'est étrange, remarque Marie. Sous la mer, tout se déplace mais, normalement, les changements sont très lents. Tout est accéléré ici. L'écho pourrait-il être celui du plafond de la grotte ?

— Négatif, lieutenant. On dirait…

Il n'a pas fini de prononcer ces mots que la Silience effectue soudain un bond. Nous sommes tous projetés à terre. Le sol se rapproche de moi à toute vitesse tandis que les alentours disparaissent. Charmant voyage ! Quand je me relève, seuls mes mains et poignets sont douloureux car j'ai essayé de ralentir ma chute.

— Major, que s'est-il passé ?

Sara se tourne vers moi, effarée.

— Nous venons de faire surface, capitaine.

— Mais… c'est impossible ! Nous sommes à des kilomètres de l'air libre !
Image : source www.rougerie.com, Seaspace, maison sous-marine, observatoire, Jacques Rougerie (2008)

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